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23/09/2009
Tout le monde est désormais au courant de l'invasion des coccinelles chinoises, des tortues de Floride ou des frelons géants.
Les dégâts écologiques et les coûts économiques occasionnés par certaines espèces exotiques en Europe font l'objet d'une étude européenne, à laquelle ont participé des chercheurs de l'INRA et publiée dans la revue Frontiers in Ecology and the Environment.
D'après les scientifiques, sur les quelques 10 000 espèces vivantes ainsi recensées comme introduites, 1 094 (soit 11% du total) sont connues pour avoir un impact écologique et 1 347 (13%) un impact économique néfaste.
A l'heure où le réchauffement climatique occupe toutes les pensées (si l'on oublie un peu la grippe A), Montserrat Vilà, de la Estación Biológica de Doñana à Séville en Espagne estime l'ampleur des changements sur les écosystèmes. "Ces changements peuvent être irréversibles et beaucoup sont aussi importants que ceux dus au changement climatique ou à la pollution." Pas moins.
L'oie du Canada, la moule zébrée, le cerf Sika, l'omble de fontaine, le ragondin ou l'écrevisse de Louisiane sont accusés d'avoir l'impact le plus négatif sur les écosystèmes qui contribuent à l'auto-entretien (sols, production primaire, ...), à la régulation (épuration de l'eau, régulation du climat, propagation des maladies, pollinisation...), à l'approvisionnement (fourniture d'aliments ou de matériaux...) et au plan culturel (esthétiques, loisirs...).
Les vertébrés terrestres ainsi que les plantes et animaux invasifs d'eau douce semblent avoir le plus fort impact écologique, tandis que les invertébrés terrestres (principalement des insectes) apparaissent les plus dommageables en terme de coût pour les cultures et les forêts.
Au palmarès des espèces invasives qui occasionnent chaque année les coûts économiques les plus importants on trouve une algue toxique en Norvège (coûts estimés des dégâts 8,2 millions d'euros), la jacinthe d'eau en Espagne (coûts estimés des dégâts 3,4 millions d'euros/an) et le ragondin en Italie (coûts estimés des dégâts 2,8 millions d'euros/an).
Les invertébrés terrestres invasifs ont des effets plus ciblés mais importants sur les cultures et les forêts: selon les auteurs, les pertes annuelles dans les récoltes dues aux arthropodes s'élèveraient ainsi à 2,8 milliards d'euros pour le seul territoire du Royaume-Uni.
"Les introductions d'invertébrés exotiques ont connu une croissance exponentielle ces dernières années" indique Alain Roques, l'un des co-auteurs de l'étude et chercheur INRA à Orléans. "Elles ont la particularité d'être non intentionnelles et associées le plus souvent à l'importation de plantes originaires d'Asie.". Une sorte de cheval de Troie moderne.