justice, sécurité |
02/10/2009
Tout le monde s'est ému de l'horrible "meurtre de la joggeuse" de Milly-la-Forêt. Parmi les détails qui frappent l'imaginaire, il y a ce long appel téléphonique qu'elle a pu passer, enfermée dans le coffre de la voiture de son ravisseur et futur bourreau. Un drôle d'effet secondaire de notre société de communication.
C'est un peu la même chose que lors des attentats du 11 septembre. Les victimes, coincées au sommet des tours ou dans leur avion ont pu parler pendant de longues minutes avec leurs proches avant une mort certaine.
Pour le vol Air France AF 447, c'est tout différent. Des gens que l'on ne connaissait pas sont morts dans des conditions que l'on ignore. Le drame est comme atténué, gommé. Pourtant, il y avait 228 personnes à bord.
Mais pour la joggeuse, c'est insupportable. Alors, la foule veut un coupable et, surtout, il ne faut pas que cela se reproduise. Cela aurait pu, cela aurait du être évité : c'est un récidiviste.
C'est étonnant comme les mêmes crimes peuvent être considérés différemment par la Société et sa justice.
Déjà, le Code pénal double les peines pour les crimes commis par "personne ayant autorité". Crime, viol, torture, ce ne serait pas la même chose si un parent, un éducateur ou un prêtre les commette. Il faudrait demander aux victimes s'il y a vraiment une différence.
Et puis, il y a les enfants. Un crime commis sur un enfant, c'est bien pire que sur un adulte. Ah bon?
D'abord, il y a eu les lois sur la récidive. C'est vrai que c'est insupportable de voir un délinquant en libération conditionnelle être pris plusieurs fois la main dans le sac. Mais n'est-ce pas seulement le signe d'une mauvaise application des lois ?
Maintenant, il faut une nouvelle loi. Encore une. Pourtant le système judiciaire n'arrive déjà pas à appliquer correctement les lois actuelles. Près de 20% des peines prononcées ne seraient jamais appliquées, faute de moyens. Et quand un individu se retrouve en prison, il a toutes les chances d'en ressortir pire. Les braqueurs risquent de recommencer les braquages, les violeurs les viols. On ne fait pas grand chose pour les remettre sur le droit chemin. On pourrait couper la main des voleurs et castrer les délinquants sexuels : on moins, on serait sûr...
Pourtant, 80% des détenus libérés ne récidivent jamais. Ils ont purgé leur peine, ils en sont quittes avec la société et ses barèmes de l'horreur (c'est bien ce que l'on voulait, non ?).
Il faudra bien réfléchir au sens de la peine, ce n'est pas un débat de juriste ou de philosophe, seulement un choix de société pour chacun :
- s'agit-il de retirer le criminel de la société pour la protéger ?
- peut-on encore parler d'"exemplarité de la peine" - c'est-à-dire, de dissuader un malfaiteur potentiel de commettre son crime ?
- ou la société veut-elle simplement se venger ? Oeil pour oeil, la mort du pécheur.
Et si tout simplement, on n'allumait plus la télé au journal de 20 heures ? Peut-être que tout cela disparaîtrait...