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20/11/2009
Le débat n'est pas nouveau, mais il a tendance a prendre de l'ampleur, comme l'épidémie mondiale de grippe A elle-même.
On a un peu tout entendu : "cette maladie est une grippette; les professionnels de santé ne veulent pas se faire vacciner; le vaccin a été fabriqué à la va-vite; il contient des adjuvants dangereux; de toute façon, tous les vaccins sont dangereux; ils servent à enrichir les laboratoires; ce sont eux qui noyautent les organes de décision pour vendre leurs produits...".
Essayons de faire le tri.
N'en déplaise à nos adolescents, la technologie la plus importante développée par l'espèce humaine depuis son origine n'est pas le téléphone portable, mais plus probablement le vaccin.
Pour l'OMS (Organisation Mondiale pour la Santé), la vaccination éviterait annuellement 2,5 millions de décès par diphtérie, tétanos,
coqueluche et rougeole. Ci-dessous, une étude du nombre de morts annuelles aux USA avant et après la vaccination systématique des populations.
Pourtant, il existe des militants anti-vaccins, sans que leurs arguments soient toujours bien clairs. A cela, la réponse est généralement la liberté de se faire ou non vacciner, ce qui est le cas pour la vaccination contre la grippe A (H1N1). Rien ne vous y oblige.
Les risques liés à la grippe A sont encore mal mesurables, mais ils sont importants. Si l'affection par elle même a pu être qualifiée de "grippette" par le professeur Debré, elle présente toutefois 2 caractéristiques qui la font s'éloigner des grippes saisonnières classiques :
On voit que si l'on multiplie le nombre de malades potentiellement élevé par le nombre de cas graves, une partie importante de la population pourrait être touchée, voire mourir. C'est ce qui a conduit d'abord l'OMS, puis les différentes autorités sanitaires, dont celles de la France a prendre des mesures exceptionnelles.
Un vaccin n'est jamais fabriqué dans l'arrière cuisine d'un restaurant chinois. Il doit suivre des étapes de mise au point et de validation bien précises.
Bien sûr, pour les vaccins contre la grippe, saisonnière ou non, une course contre la montre s'engage entre le moment où la souche du virus est isolée et où l'on peut vacciner en masse.
Des informations très détaillées sur le site de l'AFSSAPS.
Il existe effectivement des dangers à se faire vacciner (quel que soit le vaccin).
Il peut s'agir de réactions à la souche vaccinale elle-même, à ses méthodes de culture (allergie aux oeufs, par exemple) ou bien aux adjuvants qui sont fréquemment employés pour augmenter la réaction et diminuer les doses nécessaires en souche vaccinale.
Mais il peut s'agir également de problèmes qui ne sont pas liés à la vaccination.
Tous les incidents, mêmes les plus bénins doivent faire l'objet d'une notification à l'AFSSAPS (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé). Ils sont étudiés dans une procédure dite de "pharmacovigilance" et font l'objet d'une communication a priori transparente.
A ce jour, près de 250 000 personnes ont été vaccinées en France contre la grippe A et seulement 313 cas ont été signalés, mais seuls 94 ont retenus l'attention des médecins.
8 cas ont été jugés médicalement significatifs, mais n'ont nécessité qu'une simple surveillance.
5 cas ont nécessité une courte hospitalisation.Le tableau ci-dessous fait le bilan des cas rapportés.
Pour l'AFSSAPS, les effets indésirables portés à sa connaissance ne remettent pas en cause la balance bénéfice/risque de la vaccination. En effet, il faut rappeler que la France compte déjà une cinquantaine de décès dus à la grippe A.
Les laboratoires qui fabriquent les vaccins ont probablement insisté en faveur de la vaccination massive. C'est tout à fait dans leur intérêt : nous vivons dans une monde de marchands où tout le monde cherche à gagner sa vie. En se faisant vacciner on enrichit les fabricants de vaccins, de même qu'en prenant les transports en commun on enrichit les fabricants d'autobus.
Autre problème, un certain nombre de médecins décideurs des politiques de santé ont des relations avec les laboratoires.
Heureusement, il y a toujours eu des échanges et des relations de collaboration entre ceux qui développent les médicaments et ceux qui les utilisent. Cela paraît plus souhaitable que regrettable. Mais les décisions de santé étant prises de manière collégiale et sous l'oeil de la presse, il parait difficile de monter artificiellement des business à grande échelle.
Pour plus d'infos, vous pouvez aussi lire le remarquable billet du docteur Dominique Dupagne à cette adresse.