justice, sécurité |
31/08/2006
Les personnes d’origines maghrébine et noire africaine ont, pour les premiers 1,75 fois et pour les seconds 2,5 fois moins de chances que ceux d’origine française de prétendre ne serait-ce qu’à visiter un appartement suite à une petite annonce. Tel est l’un des principaux enseignements de la première opération dite de "testing" mise en place sous l’égide de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde), réalisée par le cabinet d’études ASDO dans le secteur privé auprès de 120 agences et à la suite de 100 visites effectuées par 15 candidats. Il existe des différences de traitements par rapport au niveau de salaire, aux cautions, à la durée du contrat de travail demandés aux candidats, dans les régions où ont eu lieu les tests (Paris, départements de Seine-Saint-Denis et des Hauts-de-Seine, Nice et Lille): elles sont plus élevées en Ile-de-France (44%) qu’à Nice (32%) ou Lille (15%). Plus le marché immobilier est tendu, plus les discriminations sont fortes. La situation familiale est également source d’inégalité de traitement, les familles monoparentales sont en effet plus rapidement écartées de la course au logement.
Cette opération de testing constitue une première en France et un exemple à suivre: elle officialise un phénomène social largement connu, surtout pour toutes les personnes de couleur qui ont tenté de louer un logement. Quelles seront les suites données par la Halde aux nombreux cas de discriminations observés Si elle les laisse sans suite, l’institution se discrédite. Si elle obtient des condamnations et qu’elle renouvelle régulièrement ce type d’enquête, alors la peur du gendarme pourrait s’installer dans la tête des bailleurs et faire évoluer les choses, comme les radars ont permis de réduire la vitesse sur les routes... par la contrainte, faute de mieux.