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31/01/2008
Décidément, en publiant le rapport de la Commission pour la Libération de la Croissance Française qu'il préside, Jacques Attali s'est fait des ennemis un peu partout, à gauche comme à droite, chez les députés, mais aussi chez les taxis, les notaires et même les pharmaciens.
Le président du Conseil de l'Ordre des Pharmaciens, Jean Parrot, a d'ailleurs écrit à Nicolas Sarkozy pour se réjouir de ses propos rassurants : "vous avez clairement écarté les propositions relatives à la pharmacie d'officine, à la fois dénuées de
pertinence au regard de leur objectif économique et porteuses de risques manifestes pour la desserte de la population
en médicaments." Ce qui est dit est dit...
Voici les points qui irritent les pharmaciens :
La répartition des officines sur le territoire
Les pharmaciens s'inquiètent du remplacement des quotas de répartition territoriale par un "mécanisme incitatif" non précisé. Ils prônent la prudence en la matière en soulignant la "difficulté croissante pour assurer une présence médicale sur tout le territoire." mais eux non plus n'apportent pas de remède miracle.
Le monopole du pharmacien remis en question
Sous la pression, gouvernement et organisations professionnelles se sont mis d'accord pour que certains médicaments délivrés sans ordonnance, les PMF (prescription médicale facultative), soient en libre-accès. Mais le rapport Attali va plus loin et préconise de "Limiter le monopole pharmaceutique aux seuls médicaments prescrits sur ordonnance, sur le modèle italien, sans autoriser la publicité pour les produits non soumis à prescription. Cette mesure permettrait de baisser le prix de ces produits de 5 % à 15 % environ, selon une étude de l’OCDE portant sur le Danemark ».
Faire sortir les médicaments de derrière le comptoir, soit, mais pas de l'officine, c'est ce que répondent les pharmaciens qui voient déjà leurs marges rognées par la limitation (relative) des prescriptions et surtout le prix modéré des génériques.
La liberté de commerce
Enfin, le rapport propose de "Permettre à des tiers d’investir sans restriction dans le capital des officines aux côtés de pharmaciens, à la seule condition qu’un pharmacien tienne toujours la pharmacie.» Les pharmaciens regrettent que "la commission Attali n’a pas voulu prendre connaissance, ou n’a pas tiré de leçon, de la disparité des législations européennes actuelles en la matière, des conséquences de récentes « libéralisations » du capital, des contre-réformes qui ont dû être adoptées dans certains pays à la vue des résultats."
Bref, les pharmaciens ne croient pas qu'on améliorera l'économie nationale en désorganisant le secteur de la pharmacie. Enfin, reste le service rendu aux patients qui n'est pas évalué dans ce rapport.