automobile, 2 roues |
08/11/2010
En France, on déplorait 4200 tués en 2009, contre 9700 en 1997. Une bonne évolution, mais est-elle due à l'amélioration des véhicules, à l'amélioration de nos routes ou à notre conduite plus prudente (résultat qui serait alors à mettre au crédit de la répression routière) ?
Nos voitures sont de plus en plus sûres. Avec un véhicule classé 5 étoiles, on doit théoriquement sortir sans blessure grave d'un choc frontal à 60 km/h (il aurait probablement été mortel, il y a 20 ans).
Dans le même temps, la répression policière s'est abattue sur le conducteur fautif, désigné souvent par les forces de l'ordre comme "délinquant routier".
En 2009, sur les 33 millions de conducteurs réguliers, près de 6 millions d'infractions ont justifié un retrait de point, c'est énorme et cela ne baisse pratiquement pas. La pédagogie semble avoir ses limites, le nombre de "délinquants routiers", non.
Au départ, tout semble partir d'une bonne intention, affichée dans le rapport 2009 du Ministère de l'Intérieur : "Depuis 7 ans, la politique de lutte contre l’insécurité routière s’est révélée efficace puisque le nombre de tués sur les routes a diminué chaque année. Ces bons résultats sont directement liés à la mise en place des mesures prises pour améliorer l’efficacité de la chaîne contrôle-sanction dont le dispositif du permis à points constitue un élément central."
On se pose dès lors la question : retraits de points et diminution du nombre de morts sont-ils vraiment liés ? Si l'on regarde les chiffres, département par département, ce n'est pas évident.
C'est en Région parisienne que les forces de l'ordre se lâchent avec le plus de vigueur sur le carnet à PV.
Si la moyenne des annulations de permis est de 15,4 pour 10 000 habitants en France, elle est de :
... est-ce donc que les habitants du Val d'Oise sont des fous dangereux qui se tuent à chaque tournant ? Justement, non.
Si la moyenne des tués est de 0,7 pour 10 000 habitants sur toute la France, elle n'est que de :
Bref, à moins que les dangereux conducteurs du Val d'Oise ou de la Seine-Saint-Denis aillent se tuer dans d'autres départements, le lien entre action répressive et sécurité est loin d'être établi, au moins, tel qu'il est justifié par les responsables.
Voici les départements où le permis ne se mange pas "à points" :
Dans ces départements, le nombre de tués est pourtant souvent supérieur à la moyenne (0,7 tués pour 10 000 habitants sur toute la France) :
Bref, difficile de trouver une relation entre répression et sécurité au volant. Dans certains départements, on retire 3 fois plus de permis, pourtant le nombre de tués (et de blessés) est 2 fois plus faible qu'ailleurs. Dans d'autres départements, c'est tout le contraire.
C'est donc une affaire de rhétorique. Est-ce la sévérité radicale des forces de l'ordre qui fait tomber le nombre de morts ou bien, la répression n'a-t-elle qu'un effet mineur sur les dangers de la route ?
Quelle que soit la réponse, reste que la sanction, qui devrait logiquement rester exceptionnelle, est d'une pratique un peu trop massive et que les citoyens sont loin d'être égaux d'un département à l'autre.
Consultez nos tableaux comparatifs complets pour 2009.