Danger des ondes électromagnétiques : l'affligeant rapport de l'Afsset

15/10/2009

On est de plus en plus souvent amené à se demander pour quoi nos élites sont payées. Avec le rapport de l'Afsset, intitulé de manière ambitieuse
"Les radiofréquences : mise à jour de l’expertise relative aux radiofréquences", on commence à avoir une idée de la réponse. C'est en effet un sacré pavé dans la mare (469 pages) qui risque bien de toucher le fond et de ne plus jamais refaire surface.

Une étude digne d'un bibliothécaire désoeuvré

Ce rapport, c'est une belle étude très soignée, qui s'attarde sur la méthodologie à suivre pour réaliser une étude sérieuse au 3e millénaire, un rappel détaillé des technologies par ondes radio employées désormais à peu près partout dans notre vie quotidienne et surtout une compilation zélée des différentes études internationales réalisées de par le monde sur des cellules de souris dans des petites boîtes de Petri (pour la plupart).
Vous vous attendiez à des expériences de grande ampleur, des études épidémiologiques sur des millions d'humains, des conclusions indiscutables ? Raté !
Faites-vous vous même une idée en consultant l'objet Mise à jour de l’expertise relative aux radiofréquences (attention, 6 Mo).
Quand à nos élus, ils ont adoré (à défaut de l'avoir lu peut-être) : "Les ministres saluent la qualité et la rigueur scientifique et méthodologique des travaux conduits, s'agissant notamment du soin mis à garantir l'indépendance des experts ainsi que la transparence des débats et des positions exprimées. Elles soulignent que les travaux constituent un point d'étape important qui viennent conforter et enrichir les orientations du Gouvernement." Nous sommes totalement rassurés.

Les ondes électromagnétiques sont partout

Pour faire simple, limiter les ondes électromagnétiques, c'est renoncer au téléphone portable (il y a plus de téléphones mobiles que d'habitants en France), couper Internet (toutes les Livebox, Freebox et autres xBox) et éteindre tous les ordinateurs (presque tous vendus depuis longtemps avec Wi-Fi et Bluetooth), jeter notre Pass Navigo, couper les téléphone fixes (DECT), la télé...
 

 
Au moins, on pourra interdire les radars de la police, c'est toujours cela de gagné.

Les constatations de l'AFSSET sur les ondes électromagnétiques

"Le rapport de l’Afsset met en évidence l’existence d’effets des radiofréquences sur des fonctions cellulaires, rapportés par une dizaine d’études expérimentales considérées par l’Afsset comme incontestables. Néanmoins aucun mécanisme d’action entre les radiofréquences et les cellules pour des niveaux d’exposition non thermique n’a été identifié à ce jour. De même le niveau de preuve épidémiologique concernant des excès de certaines tumeurs reste très limité. A contrario, un nombre important d’études ne rapporte pas d’effet particulier.
Au total, le niveau de preuve n’est pas suffisant pour retenir en l’état des effets dommageables pour la santé comme définitivement établis. Pour l’Afsset ils constituent des signaux indéniables."
Etonnante conclusion : pas d'effets dommageables constatés, pourtant il s'agit de signaux indéniables. Peut-être des signaux de fumée.

Les recommandations de l'AFSSET sur les ondes électromagnétiques

"Face à ces incertitudes l’Afsset considère qu’il convient d’agir et fait les recommandations suivantes :
Développer la recherche, pour lever les incertitudes qui demeurent et se tenir aux aguets des signaux nouveaux qui émergeraient.
L’Afsset recommande de cibler en priorité les études épidémiologiques, ainsi que les études sur la reproduction, le développement de l’enfant et de répliquer d’études qui montrent des effets biologiques. Elle recommande de prêter une plus grande attention aux aspects méthodologiques, et, en particulier d’affiner la caractérisation des expositions des populations, à commencer par celle des enfants. Elle met en lumière le retard pris sur la connaissance des effets sanitaires concernant les bandes de fréquences inférieures à 400 MHz et celles de plus de 2GHz, qui correspondent à des expositions professionnelles. D’autres hypothèses sont infirmées par cette expertise (perméabilité de la barrière hématoencéphalique, risque de neurinomes de l’acoustique, effet sur la mélatonine...).
Réduire les expositions du public.
Ce potentiel de réduction existe s’agissant de l’exposition aux radiofréquences. La priorité va au téléphone portable qui est la première source d’exposition du public. L’affichage intelligible du débit d’absorption spécifique (DAS) permettrait de privilégier les téléphones portables les moins exposants. Par ailleurs, l’Afsset recommande de rechercher les quelques points du territoire où les niveaux d’ondes de radiofréquences sont nettement plus élevés que la moyenne, de les cartographier et de proposer une procédure pour réduire les niveaux.".

Mais jusqu'où s'arrêteront-ils ?

Depuis une dizaine d'années, le débillissime "principe de précaution" a remplacé l'ancien "il est urgent d'attendre". Nos élus l'invoquent à tout bout de champ pour justifier qu'ils n'oseront pas prendre de décision, vu les risques personnels qu'ils courent.
Pourtant, ce principe n'en est pas un (voir la définition du Petit Larousse), c'est pourquoi la situation est si confuse, avec des interdictions folkloriques ici ou là.
En attendant, que des vrais scientifiques rendent de vrais rapports scientifiques, ce qui doit être possible vu le nombre colossale d'équipements radio-fréquence qui nous entourent désormais, on pourrait plutôt prendre quelques précautions de bon sens, comme isoler correctement les antennes des habitations qui se trouvent juste en dessous ou interdire ou encadrer la vente de forfaits illimités pour les mineurs (et oui, pas très populaire!).