Dans sa conférence de presse du 16 janvier la FNAUT(Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports) a regretté que dans son plan de relance de l’économie, le gouvernement consacre pas mal de moyens au soutien de l'industrie automobile et finalement assez peu aux transports en commun. La FNAUT relève notamment que l'essentiel des mesures annoncées par le gouvernement en faveur des transports repose sur des budgets déjà connus et sur l'anticipation d'investissements déjà prévus et financés par la RATP et la SNCF. Pas faux.
Soutien à l'automobile
La Fnaut détaille les efforts du plan en faveur de l'industrie automobile :
prime à la casse de 1 000 euros (coût environ 220 millions d’euros en 2009);
fonds d'investissement doté de 300 millions d'euros pour les aider à restructurer la filière. Les filiales de Renault et PSA recevront un financement supplémentaire d'un milliard d'euros chacune.
3 projets autoroutiers, gelés depuis le Grenelle de l’environnement, ont été débloqués (800 millions de travaux): A63 Bordeaux-Espagne, A150 Rouen- Le Havre et A355 (Grand Contournement Ouest de Strasbourg).
un milliard d’euros sera dépensé en 2009 sur le réseau routier national au lieu des 800 millions prévus.
L'automobile est-elle condamnée ?
La FNAUT estime que les problèmes que rencontre l'automobile en ce moment ne sont pas seulement dus à la crise financière, voire même aux prix du pétrole, mais à un déclin durable du marché et à la nécessité de réviser les programmes à la baisse. La FNAUT pense que "De nombreux facteurs freinent ou vont freiner l’utilisation intensive de la voiture, ralentir le renouvellement du parc et même rendre moins nécessaire la propriété individuelle d’une voiture (en particulier d’une deuxième voiture)" Les arguments en défaveur de l'automobile sont les suivants :
le renforcement et la diversification des transports collectifs de proximité (transport à la demande, tram-train, cadencement des trains TER) et l’extension du réseau TGV;
le développement des aménagements cyclables, l’offre croissante de vélos en libre service, l’organisation de pédibus et vélobus, le succès du vélo à assistance électrique;
l’amélioration de l’intermodalité (train + vélo, parkings relais);
l’organisation progressive du covoiturage et de l’autopartage (en Suisse, on trouve 60 000 autopartageurs: il y a déconnection entre la possession et l’usage de la voiture).
la croissance de la congestion et les difficultés de stationnement dans les zones urbaines;
l’allongement des distances domicile-travail, qui rend pénible l’usage de la voiture;
le renforcement des mesures de sécurité routière (la vitesse moyenne a chuté de 10 km/h);
un partage de la voirie urbaine de moins en moins favorable à la voiture;
l’introduction possible du péage urbain comme dans beaucoup de villes européennes.
la hausse du prix des carburants routiers, dont la perspective est aujourd’hui intégrée par le public (en 2008, le prix des maisons a baissé de 4,9%, celui des appartements de 1,2%);
la création de la prime transport ( remboursement de la moitié du prix de l’abonnement domicile-travail) et la création récente de la carte de réduction SNCF « enfant-famille ».
la contrainte pétrolière (diminution des réserves, demande croissante, risques géopolitiques);
la contrainte environnementale (cadre de vie, santé publique, évolution climatique).
la montée de la sensibilité environnementale de la population;
l’affaiblissement de l’image symbole de liberté, signe extérieur de réussite sociale.
l’intérêt porté au commerce de proximité au détriment des supermarchés;
le développement des livraisons à domicile et du commerce en ligne;
le développement du télétravail.
l’érosion du pouvoir d’achat. De plus en plus de ménages éprouvent des difficultés à financer les dépenses liées à leur voiture.
Enfin, l'argument massue contre une relance généreuse de l'automobile réside probablement dans la culture de l'automatisation et de l'externalisation massive de cette industrie qui continuera vraisemblablement à détruire des emplois dans les années qui viennent, quoi qu'il arrive. Ceci rejoint la critique habituelle des politiques économiques nationales depuis des décennies, celles-ci favorisant traditionnellement les grandes industries dont on sait qu'elles ne créeront pas d'emplois, au détriment des PME, seules capables de relancer le marché du travail.
Sauvez nos bagnoles !
La liste de ce qui menace l'automobile est longue et assez juste. Cela dit, on y voit aussi les traces des l'autophobie ambiante avec quelques exagérations, comme l'avènement prédit du vélo, du covoiturage ou du télétravail ou même de l'attrait théorique évident des transports en commun. A ce sujet, même sans demander leur avis aux 700 000 usagers de la gare Saint-Lazare coincés dans les grèves depuis plusieurs mois, il est peu probable que beaucoup de voyageurs déclarent prendre les transports en commun en toute confiance et avec plaisir. Enfin, il faut aussi remarquer que l'industrie automobile a fait des gros progrès en matière de lutte contre la pollution, et que d'autres activités humaines, comme l'habitat par exemple, polluent beaucoup plus et disposent d'une plus grande marge de progression sans déchaîner autant de critiques.