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21/01/2009
Empêcher les cellules du système immunitaire de pénétrer dans le cerveau pourrait ralentir l’évolution de la maladie de Parkinson. C’est ce que suggèrent les travaux de l’équipe de Stéphane Hunot (Chargé de recherche au CNRS) et Etienne Hirsch (Directeur de recherche au CNRS) de l’unité mixte Inserm-UPMC/université Pierre et Marie Curie UMR 975 parus dans la revue Journal of Clinical Investigation.
Cette équipe de chercheurs a montré que les lymphocytes T auxiliaires (ou CD4+), une des nombreuses populations de cellule du système immunitaires qui normalement luttent contre les agressions microbiennes, pénètrent dans le cerveau des malades. Ils ont également démonté que ces cellules tuent les neurones. Dans un modèle de la maladie chez la souris, l’absence de lymphocytes T CD4+ entraîne une amélioration très nette de la maladie.
La maladie de Parkinson est une affection neurologique invalidante touchant 1% des personnes de plus de 65 ans. Elle se manifeste par un tremblement au repos, une rigidité et une difficulté à déclencher des mouvements. Ces symptômes sont dus à une mort lente et progressive d’une population particulière de neurones qui produisent un messager chimique, la dopamine. Les causes de la maladie sont encore mal connues. Toutefois, plusieurs études ont rapporté que les personnes qui prennent des anti-inflammatoires quotidiennement pour diverses raisons présentent un risque diminué de développer la maladie de Parkinson. Ces données suggèrent donc que le système immunitaire qui protège normalement l’organisme contre les agressions joue probablement un rôle dans la mort neuronale dans la maladie de Parkinson. « De manière tout à fait surprenante, nous avons observé récemment qu’une population particulière de globules blancs circulant dans le sang, les lymphocytes T, était présente en grand nombre dans le cerveau, à l’autopsie, des patients atteints de la maladie de Parkinson. Ces cellules, qui sont essentielles aux défenses immunitaires et sont normalement exclues du cerveau, pourraient ainsi contribuer à l’inflammation cérébrale au cours de la maladie de Parkinson » précisent Etienne Hirsch et Stéphane Hunot.
Pour comprendre plus précisément le rôle de ces cellules tueuses, les chercheurs ont reproduit ce phénomène dans un modèle expérimental mimant la maladie chez la souris. Ceci leur a permis, de montrer que ces cellules infiltrées ne sont pas spectatrices devant la mort des neurones mais participent de façon active à la dégénérescence neuronale.
Une fois le rôle de ces cellules établi, les chercheurs ont cherché à comprendre comment ces lymphocytes tuaient les neurones. En développant des animaux hybrides vis-à-vis de la composition cellulaire du système immunitaire, les scientifiques montrent que les lymphocytes T CD4+ infiltrés utilisent un ligand particulier appelé FasL qui capable non seulement d’enclencher un programme de suicide cellulaire dans le neurone en activant le récepteur Fas, mais également de stimuler des mécanismes inflammatoires délétères au niveau des cellules gliales enivironnantes.
« Ces résultats sont particulièrement encourageants car ils permettront d’affiner le développement de médicaments anti-inflammatoires plus ciblés vers les cellules qui pénètrent dans le cerveau. En effet, l’administration d’anti-inflammatoires de façon chronique présente beaucoup d’effets secondaires surtout chez les personnes âgées. Nos travaux constituent une piste de recherche intéressante pour développer de nouvelles stratégies thérapeutiques aux effets secondaires limités», concluent Etienne Hirsch et Stéphane Hunot.