santé, soins |
23/01/2008
Prévue pour durer toute la journée, la réunion de négociation du 22 janvier entre le Ministère et les 8 syndicats représentatifs à tourné court. Les participants se sont séparés dès la fin de matinée, les propositions du Ministère de la santé sur le paiement des heures supplémentaires accumulées étant jugées inacceptables.
Dans notre précédent article nous avions plaisanté sur l'expression "solder les heures sup" en mettant en garde contre une "deuxième démarque". Mais les syndicats n'ont pas apprécié la blague dans la bouche des responsables du Ministère (comme le disait Pierre Desproges, "on peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui"). « Lorsque le Ministère nous a proposé de solder nos heures sup., nous pensions que par « solder », il entendait « résorber le stock »: aujourd’hui nous avons compris que par « solder » il voulait aussi dire « brader les prix » ! a déclaré Thierry Amouroux, le Président du SNPI CFE CGC.
Une bonne ristourne
Yann Bubien, Conseiller Social de Roselyne Bachelot, propose en effet de payer les heures sup sur la base d’un forfait de 11 euros brut. Or, le montant brut d’une heure d’informière est de 13 euros (soit moins 15 %) et celle d’un cadre infirmier (surveillante) de 16 euros (donc moins 30 % ).
De même, pour la rémunération des jours mis dans un Compte Epargne Temps (CET), Yann Bubien a indiqué qu’ils seraient payés 80 euros en catégorie B (infirmière) et 125 euros en catégorie A (cadre de santé), dans la limite de 50 % des jours déposés par l’agent sur son CET.
« Même si vous souhaitons un paiement calculé en fonction de l’indice de l’agent, on peut toujours discuter d’un montant en euros, mais il y a un principe de fond: nous ne pouvons pas admettre qu’à l’hôpital une heure sup. soit moins payée qu’une heure normale, alors qu’elle est majorée de 25 % dans le privé» s’indigne Thierry Amouroux.
Au-delà de l’aspect financier, les infirmières estiment qu'il y a un problème de fond sur la valeur d’une journée de travail, et le niveau de reconnaissance de la profession infirmière.
Une filière de formation à la dérive
Au delà de cet illogisme comptable, le problème restera d'éviter que les heures sup ne s'accumulent à nouveau dans un univers hospitalier qui manque de main d'oeuvre depuis des années.
Il faut dire que l'incohérence de la filière de formation étonne : allongement de la durée des études, sélection renforcée, suppression de financement des études, fermeture des écoles. Bref une politique RH sans pilote dans l'avion depuis des décennies, alors que cette filière possédait l'avantage primordial de prendre les jeunes très tôt, de financer leurs études et de pouvoir conserver ainsi jusqu'à la retraite une main d'oeuvre qualifiée, motivée et pas trop coûteuse.
Appel à la grève
Le SNPI CFE-CGC (8000 infirmières) a lancé un préavis de grève et appelle à manifester le 24 janvier.