automobile, 2 roues |
02/09/2009
A trop parler du CO2 (gaz carbonique), on oublie un peu les autres polluants rejetés par nos véhicules. L’Afsset (Agence Française de Sécurité Sanitaire de l’Environnement et du Travail) veut aujourd'hui attirer l’attention sur le dioxyde d’azote (NO2) émis par les véhicules diesel. Cet irritant respiratoire, typique de la pollution due au trafic routier, n’a pas diminué depuis le milieu des années 90 en situation de proximité au trafic routier et continue de poser des problèmes sanitaires en agglomération (exacerbation de l’asthme, irritations respiratoires…).
La réglementation européenne « EURO » sur les émissions des véhicules a pris du retard sur la maîtrise des émissions de NO2. Elle a fait une priorité de la lutte contre les polluants organiques et les particules.
Elle fixe ainsi des contraintes sur les émissions de particules pour les véhicules diesel qui entraîneront une généralisation des filtres à particules dans les années à venir. En contrepartie, elle a négligé le NO2, qui n’est aujourd’hui comptabilisé qu’au sein d’un agrégat, les oxydes d’azote (NOx).
Selon les scénarios étudiés par l’Afsset, si rien n’est fait, l’application des normes EURO successives sur les émissions des véhicules ne produira pas d’effet significatif sur ce polluant d’ici à 2014 (entrée en vigueur d’EURO VI et EURO 6). Il faudra maintenant attendre 2014 et la sixième génération de norme EURO avec de nouvelles réductions à l’émission sur plusieurs polluants (hydrocarbures et NOx notamment) pour envisager de premiers effets bénéfiques.
Pour ne pas attendre plus longtemps, l’Afsset recommande de prendre dès maintenant les mesures suivantes pour contrer les émissions de NO2 par les véhicules diesel:
Le dioxyde d’azote (NO2) est avec les particules fines un des indicateurs majeurs de la pollution atmosphérique.
Ils sont tous deux associés au trafic routier dans les agglomérations. Le NO2 réagit en plus dans l’air des villes et contribue à la formation d’autres polluants, ozone et particules secondaires.
C’est un gaz oxydant puissant, qui pénètre facilement dans les poumons. A des concentrations dépassant 200 µg/m3 sur de courtes périodes, il provoque des irritations et des inflammations de l’appareil respiratoire et une augmentation de l’hyperréactivité bronchique chez les asthmatiques.
Il est ainsi soumis à un dispositif d’information et d’alerte en cas de pics de pollution (niveau d’information: 200 µg/m3 sur une heure; niveau d’alerte: 400 µg/m3 sur une heure).
Dans l’air ambiant, les niveaux de NO2 ont eu tendance à stagner ou augmenter en proximité du trafic automobile depuis le milieu des années 1990. A l’heure actuelle, la valeur limite annuelle (40 µg/m3) n’est pas respectée sur de nombreux sites trafic, en particulier au sein de grandes agglomérations telles que Paris, Lyon, Marseille, Nice, Grenoble, Rouen.
C’est actuellement essentiellement dans le flux de circulation en agglomération et notamment à l’intérieur de l’habitacle de véhicules que des niveaux de NO2 les plus importants sont relevés (de 100 à plus de 500 µg/m3).
Ces niveaux peuvent tout à fait induire des effets toxiques sur le système respiratoire, en particulier pour les populations sensibles (asthmatiques notamment).
Le problème lié au NO2 est un effet secondaire indésirable des technologies de traitement des gaz d’échappement diesel (catalyseurs et certains filtres à particules catalysés). De nouvelles générations de ces technologies, encore en développement, pourraient notablement alléger cette contrepartie problématique sur le NO2. Il faudra cependant encore plusieurs années avant d’en percevoir les bénéfices sanitaires.
Les filtres à particules pour les moteurs diesel sont très efficaces sur les particules (abattement d’un facteur 100 à 1000 du nombre de particules émises). Mais les suies piégées dans le filtre doivent être régulièrement brûlées pour régénérer le filtre. Or la combustion des particules s’effectue vers 550°C et la température des gaz d’échappement est très inférieure et ne suffit pas. Des catalyseurs sont alors utilisés pour abaisser la température nécessaire à la combustion. A ce jour, deux technologies de filtres se répartissent le marché: les FAP catalysés1 et les FAP additivés2. Les technologies avec catalyseur d’oxydation entraînent globalement une augmentation significative des émissions de NO2, sans pour autant modifier les émissions globales d’oxydes d’azote (NOx).
Les catalyseurs, rendus obligatoires en 1996 sur les véhicules diesel légers par la norme EURO 2, avaient déjà provoqué une augmentation des émissions de NO2. Aujourd’hui, avant même que les filtres à particules ne se généralisent plus sur les véhicules diesel, les émissions de NO2 des véhicules légers sont déjà le fait principal des véhicules diesel catalysés (sans filtre) d’Euro 2 à Euro 4 (voire Euro 5).
Une analyse du parc automobile montre que les perspectives de réduction des émissions de NO2 sont faibles pour les quelques années à venir. L’Afsset a testé plusieurs scénarios en fonction du taux de répartition des FAP additivés et catalysés parmi les parmi les véhicules diesel en équipés de FAP. Si le taux de pénétration des FAP additivés était de plus de 30%, les émissions de NO2 dues aux véhicules légers se réduiraient d’ici à 2014. Mais si ce taux était inférieur à 30% environ, alors les émissions augmenteraient à terme.