santé, soins |
31/01/2013
L'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) vient de décider la suspension de Diane 35 dans un délai de 3 mois. Cette décision pourrait néanmoins être infirmée par l'EMA (l'agence européenne du médicament) dont les décisions l'emportent désormais (en gros) sur les décisions nationales.
Pour rendre cette sentence, l'ANSM se base essentiellement sur une efficacité jugée modérée sur l'acné ("l’efficacité est modérée et ne s’observe qu’après plusieurs mois de traitement... Il existe par ailleurs des alternatives pour le traitement de l’acné."), en regard de risques élevés ("De nouvelles données sur le risque thromboembolique démontrent notamment un risque thromboembolique veineux quatre fois plus élevé que celui des femmes qui ne prennent pas ces traitements").
L'ANSM invoque donc logiquement le fameux rapport bénéfice/risque défavorable pour décider du retrait de Diane 35.
Si Diane 35 est chargée d'un tel bilan défavorable, c'est principalement qu'elle a été utilisée assez largement comme pilule contraceptive depuis 1987. On se demande bien qui a pu avoir cette idée alors qu'elle ne dispose ni d'AMM, ni même d'indication en ce sens, et pourquoi le problème a perduré aussi longtemps sans que personne de responsable ne s'en aperçoive. Pour l'instant, aucune explication valable n'est invoquée.
Pourquoi, après 25 ans, le problème devient-il si urgent ? On croyait le ménage fait dans nos médicaments depuis le scandale du Mediator. On pensait aussi que nos instances chargées de veiller au grain étaient finalement devenues vertueuses. Pourtant, les esprits chagrins ne manquent de remarquer que cette décision, pour le moins soudaine après 25 ans d'usage du produit, se trouve liée à l'annonce des procès à venir et du battage médiatique qui enfle de jour en jour : inquiétant.
Après le retrait du DI-Antalvic qui a fait débat, le retrait de Diane 35, la limitation possible des médicaments contre le rhume contenant de la pseudoephédrine (Actifed, Humex...), les médicaments révélant des effets secondaires ne risquent-ils pas un jour d'être tous interdits ? Dans ce cas, Paracetamol et aspirine sont également menacés et seule l'eau d'Evian pourrait être indiquée (toutefois, attention à ne pas dépasser la dose prescrite).
Le risque n'est-il pas que les médicaments usuels soient peu à peu remplacés par des médicaments nouveaux, beaucoup plus chers et dont on ne connaît pas encore la nocivité. On aimerait pourvoir faire confiance aux autorités sanitaires sur ce point, mais... hum, comment dire...
Alors que les pilules de 3e et 4e génération sont montrées du doigt, l'interdiction de Diane 35 vient rajouter une bonne louche de doutes sur les moyens de contraception. Le planning familial s'est ému de ce catastrophisme ambiant. Lire ci-dessous.