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13/01/2010
Patrick Pelata, DG de Renault, a été reçu aujourd'hui à Bercy par Christian Estrosi, ministre chargé de l'Industrie, à la suite des rumeurs de délocalisation de la fabrication de la future Clio 4 en Turquie, dans l'usine de Bursa.
Le problème vient sur la table après que le gouvernement ait largement soutenu l'industrie automobile en 2009 et dans la perspective qui rend tous les politiques nerveux des prochaines élections régionales.
Fleuron de notre activité industrielle, l'automobile peut se vanter d'avoir bénéficié d'un traitement de faveur pendant la crise : 3 milliards d'euros d'aide à Renault, autant à PSA, 600 millions d'euros de prime à la casse et suppression de la taxe professionnelle pour tout le monde.
En outre, Renault a bénéficié de 100 millions d'euros pour accompagner le lancement de Zoé à Flins et 150 millions du Fonds Stratégique d'Investissement pour la future usine de batteries automobiles, toujours à Flins.
Interrogé à la sortie de l'entrevue, Patrick Pelata a précisé que rien n'était encore fixé et qu'il y aurait un équilibrage entre les différents sites de production. Il a également précisé que l'entrevue n'était destinée qu'à prendre connaissance des impératifs des uns et des autres. Pas très rassurant, quand on sait que jusque là le mouvement était clairement à la délocalistation, qu'il s'agisse de la production dans des usines à l'étranger, notamment en Europe centrale et en Turquie, qu'il s'agisse de la fabrication par les sous-traitants ou même, avec la montée en puissance de Dacia, une délocalisation qui ne dit pas son nom.
Pour Christian Estrosi, c'est tout différent, il a précisé "courtoisement mais fermement que le gouvernement n'était pas favorable à la fabrication à l'étranger de véhicules vendus en France". Il a également indiqué que M. Pelata lui avait confirmé qu'il n'y aurait pas de pertes d'emplois à Flins. Reste à savoir si cette promesse inclut la sous-traitance et le personnels en contrats courts.
L'Etat français est le 2e actionnaire de Renault (15%) derrière Nissan (27%). Il dispose de 2 administrateurs au sein du Conseil d'Administration qui en compte 17. Pas de quoi faire la pluie et le beau temps dans un groupe multinational, c'est-à-dire en réalité pratiquement apatride, comme la plupart des grands groupes modernes.
Pas de vrai propriétaire, sauf les actionnaires, nombreux, et dont l'intérêt reste qu'on le veuille ou non, celui de la valeur de leurs actions. C'est probablement pourquoi il est si difficile de lire dans la stratégie à long terme de Renault. Difficile aussi de pouvoir conserver nos emplois industriels sur le sol français.
Pourtant, l'industrie automobile allemande produit, elle, plus de 60% de ses véhicules en Allemagne. Il doit bien y avoir une raison.