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05/12/2014
Les médecins français partent-ils à l'étranger ? Avons-nous trop de médecins étrangers en France ? Les effectifs de médecins en France sont-ils mieux où moins bien gérés que dans les autres pays développés ? Une étude passionnante de l'IRDES (Institut de Recherche et Documentation en Economie de la Santé) nous apporte de vrais éléments de réponse (malheureusement un peu datés) et élimine quelques fausses idées.
Titulaires de compétences universelles précieuses, les médecins ont la possibilité de choisir de partir pour un nouvel horizon. Toutefois, les médecins français partent peu à l'étranger.
En 2004 on dénombrait 2% d'émigration pour les médecins français, un chiffre relativement faible. Les principaux pays de destination sont :
- Belgique : 1377 médecins.
- Allemagne : 252.
- Italie : 221.
- Suisse 122.
- Royaume-Uni : 447.
Ces pays représentent plus de la moitié de l’émigration française en 2004.
Les 30 pays les plus importants exportateurs de médecins au monde en 2004(doc. Yalta Production)
Le Canada, en raison de proximités culturelles et linguistiques, accueillait 443 médecins et les Etats-Unis 1285 médecins, représentant ainsi logiquement la deuxième destination des médecins français à l’étranger.
Malgré Louis Pasteur et Albert Schweitzer, la France n'est pas le pays qui donne le ton en matière de formation médicale. Sans surprise, les pays d’Asie sont ceux qui envoient le plus de médecins à l’étranger. Ces pays ont en effet des capacités de formation médicale proportionnelles à la taille de leur population.
En 2004, avec 71 290 médecins vivant à l’étranger, l’Inde est le pays ayant le plus de médecins en dehors de ses frontières.
La deuxième place revient aux Philippines (environ 20 000 médecins).
Les 30 taux d’émigration de médecins les plus élevés au monde en 2004(doc. Yalta Production)
Les médecins, forts de leurs compétences, peuvent quitter leur pays pour un environnement plus favorable (sécurité, niveau de vie...).
Cette émigration pose évidemment un problème dans des pays déjà peu favorisés. Ainsi, l’Afrique subsaharienne a un taux d’émigration en moyenne de 19% en 2004, mais aussi la densité médicale la plus faible au monde.
Quand on rentre dans un hôpital, on est surpris de la forte proportion de personnel étranger, médecins ou autres.
En France, le nombre de médecins étrangers ou français formés hors des frontières ne cesse d’augmenter.
En 2012, 24% des médecins nouvellement inscrits ont un diplôme étranger (Cnom, 2013). Ainsi, au 1er janvier 2013, le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) recensait 21 111 médecins titulaires d’un diplôme étranger, soit environ 8 % des médecins inscrits au tableau de l’Ordre (Cnom, 2014).
Ces médecins sont titulaires soit d’un diplôme européen (47%), soit d’un diplôme extra-européen (53%).
Parmi les diplômés européens, 36% ont été formés en Roumanie, 21% en Belgique, 11% en Italie et 10% en Allemagne.
Les diplômés extra-européens sont pour 40 % formés en Algérie suivis de la Syrie (11%), du Maroc (10%) et de la Tunisie (5%) (Cnom 2013).
Des chiffres au final assez proches des autres pays développés, puisque dans les années 2000, la proportion de médecins étrangers s’élevait à environ 21% en Australie, 30% au Royaume-Uni, 34% en Nouvelle Zélande, 23% au Canada et 24% aux Etats-Unis.
Comparativement à nos voisins développés, la France n'est pas le premier pays d'accueil des médecins étrangers.
60% des médecins ayant émigré sont établis aux Etats-Unis, qui est le pays accueillant le plus de médecins au monde.
Le Royaume-Uni vient ensuite avec 20% des médecins étrangers. Ces deux pays reçoivent donc à eux seuls 80% des médecins étrangers dans le monde.
Les pays de destination des médecins étrangers en 2004(doc. Yalta Production)
L’importance de la maîtrise de l’anglais dans les études médicales reste un élément significatif dans la mobilité internationale.
L’Australie, le Canada et l’Allemagne accueillent chacun 3% des médecins qui émigrent et la Belgique 2%.
La France en reçoit un peu plus de 1%, ce chiffre faible n’étant qu’une fourchette basse en raison de la non-reconnaissance d’un certain nombre de médecins étrangers travaillant dans les hôpitaux français avec des statuts intermédiaires.
Source : "Les migrations internationales de médecins : impacts et implications politiques", Irdes, novembre 2014.