santé, soins |
Roselyne Bachelot face au personnel soignant de l'hôpital Henri Mondor de Créteil
(doc. Yalta Production)
13/12/2010
Trouverons-nous encore facilement demain un médecin pour nous soigner ?
Curieusement, la France ne va pas manquer de médecins, bien au contraire : leur nombre a pratiquement doublé en 30 ans. Pourtant la menace d'apparition de déserts médicaux se précise. Pourquoi, comment, et surtout, votre département est-il dans les bons ou les mauvais "coins", le Guide des démarches vous propose une analyse détaillée et des tableaux précis de la démographie médicale département par département.
Consultez nos tableaux détaillés du nombre de médecins dans votre département.
Le nombre de médecins en exercice est passé d'environ 110 000 en 1979 (les comptes varient suivant ce que l'on appelle un "médecin en exercice"), à plus de 210 000 début 2010.
Pourtant un nombre croissant d'usagers indique éprouver des difficultés à consulter. Le sondage Invoice/CISS (Collectif Interactif Sur la Santé) l'indique clairement.
Ces difficultés tiennent à au moins 3 phénomènes :
Le nombre d'étudiants en médecine autorisés à passer de la 1re à la 2e année est fixé depuis 1972 par un arrêté ministériel (au niveau national et par faculté de médecine), ce nombre c'est le numerus clausus.
Hors, pour des raisons difficile à comprendre, ce nombre a été divisé par 2 dans les années 80 et 90.
Comme les études de médecine durent entre 9 et 11 ans, les médecins diplômés ne sortent de la fac qu'à plus de 30 ans.
Il en résulte que la moyenne d'âge des médecins est de 52 ans et que dans 10 ans, nous assisterons à des départs massifs en retraite.
Sur le graphique, on voit que les classes d'âge de plus de 50 ans sont beaucoup plus fournies que celles de moins de 50 ans. Ce phénomène ne prendra fin qu'après 2020.
Le nombre de médecins pour 100 000 habitants varie énormément d'un endroit à l'autre :
Les régions ensoleillées sont plus attirantes que les autres.
Pourtant, ce n'est pas le Nord-Pas-de-Calais qui concentre les problèmes, mais des régions rurales comme la Picardie ou la Haute-Normandie.
Consultez nos tableaux détaillés du nombre de médecins dans votre département.
Etre généraliste ou médecin du travail ne séduit plus. En 6e année, l'étudiant en médecine doit choisir sa spécialité en fonction de ses notes aux ECN (épreuves classantes nationales). Et bien qu'il y ait autant de places que d'étudiants, beaucoup préfèrent le redoublement à une spécialité qui ne les intéressent pas : c'est le cas de la médecine générale (qui est aussi considérée comme une spécialité) qui ne trouve pas assez de candidats.
Et lorsque ce phénomène s'ajoute à la désertification locale, les usagers peuvent rencontrer des difficultés à consulter certains spécialistes, voire un médecin de famille.
Si les inégalités s'accroissent dans l'accès au soin, c'est aussi pour des raisons personnelles :
De plus en plus de diplômés ne "s'installent" pas, et préfèrent rester remplaçant ou chercher un emploi salarié dans une établissement de soins.
Depuis plusieurs années, des mesures incitatives ont été prises par les autorités et les collectivités locales pour tenter de corriger les inégalités locales en matière d'accès aux soins : aides à l'installation, majoration des honoraires dans les zones sinistrées, mais rien n'y a fait.
Quand au rapport Hubert (télécharger le rapport Hubert), s'il fait un constat détaillé de la situation (paperasserie galopante, dégradation de la qualité de vie des médecins), il ne propose pas de mesures spectaculaires :
Enfin, l'idée de ne plus payer les médecins de proximité seulement à l'acte, mais par exemple en fonction du nombre d'usagers à suivre, refait surface. C'est également l'un des souhaits des associations représentées au sein du CISS : "Cette solution repose sur le développement de la primauté de la rémunération au forfait tandis que celle à l’acte devrait devenir l’exception. On incitera ainsi les médecins à choisir de s’installer en fonction des populations puisque c’est la patientèle qui va garantir le socle de la rémunération et non plus le nombre d’actes."
Mais ne risque-t-on pas alors de tout compliquer (un classique) sans vraiment apporter de bénéfice mesurable.
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