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Consommation de carburant et rejet de CO2 : Mercedes, BMW et Ford exagèrent trop

13/11/2014

Tous les moyens sont bons pour les constructeurs pour annoncer des baisses alléchantes de consommation de carburant et par voie de conséquence, de rejet de CO2. Ainsi, si la triche n'était que de 8% en moyenne en 2001, elle s'établit désormais d'après l'association européenne Transport & Environnement à 31% et pourrait atteindre 50 % en 2020. Bref, une large part des gains annoncés ces dernières années serait bidon.
Et dans ce "dopage" des chiffres, les constructeurs allemands semblent les plus forts.

Des chiffres de consommation de carburant et de rejet de CO2 très différents de la réalité

L'ICCT (International Council on Clean Transportation) estime qu'en 2001, 14% des conducteurs pouvaient atteindre les chiffres de consommation officiels en adoptant une conduite particulièrement économe, désormais, ils ne seraient plus que 2%.
Lors du lancement d'un nouveau modèle, les constructeurs doivent fournir des modèles de pré-production pour les tests de sécurité et pour les tests de performance. Ces modèles sont évidemment optimisés pour donner de bons résultats aux tests, bien loin de la réalité future.
L'association Transport & Environnement liste 7 raisons qui minorent les résultats :

• le cycle de tests standardisé, censé représenter une utilisation normale du véhicule (ville, route, autoroute), imaginé il y a 30 ans, ne reflète plus la réalité, avec des accélérations modérées et des vitesses basses.
• les procédures sont laxistes et les constructeurs s'engouffrent dans les brèches de la réglementation. Notamment, les moteurs modernes seraient capables de détecter les phases de test grâce à une technique connue sous le nom de "cycle beating".
• les prototypes présentés sont spécialement préparés pour obtenir des chiffres particulièrement modérés (voir le chapitre suivant).
• aucun contrôle ne sera effectué ensuite pour vérifier que les chiffres réalisés par les véhicules vendus s'approchent réellement des chiffres théoriques de départ.
• les constructeurs payent les organismes de test qui ne font que superviser les tests réalisés dans leurs propres laboratoires.
• pendant les tests, les accessoires consommateurs d'énergie sont débranchés, ce qui ne correspond pas à un usage réel.
• les tests exagèrent le gain apporté par le système stop-and-start.
  

Les astuces pour minorer la consommation officielle

Pour ceux que cela intéresse, l'association Transport & Environnement dresse une liste d'astuces permettant de réduire la consommation des véhicules lors des tests :

• déconnecter l'alternateur !
• à défaut de déconnecter l'alternateur, éteindre tout ce qui consomme (navigation, radio, climatisation, sièges électriques....)
• desserrer au maximum les mâchoires de frein pour limiter les frottements,
• surgonfler les pneus,
• utiliser des pneus spéciaux à faible résistance au roulement,
• utiliser des huiles moteur spéciales, particulièrement fluides,
• utiliser les rapports de boîte les plus longs possible,
• limiter au maximum le poids dans la voiture (vider le réservoir de lave-glace, remplacer la roue de secours par une bombe, mettre des jantes légères...)
  

Les constructeurs allemands tricheraient plus

Coincés entre la législation qui impose de plus en plus de systèmes de sécurité, le consommateur qui préfère le confort (ça alors !) et la nécessité de limiter les consommations, les constructeurs font feu de tout bois. Allégement des structures (emploi de plastique ou d'aluminium), optimisation des rendements, down-sizing (utilisation de moteurs de plus en plus petits gavés par des turbos de plus en plus perfectionnés), mais aussi... bricolage des chiffres.
 

 
Ecarts de consommation entre les tests des constructeurs automobiles et la réalité(doc. Yalta Production)
 
A ce petit jeu, les Allemands et leurs puissantes limousines premium ont plus à gagner (ou à perdre, c'est selon).
Pour être juste, les chiffres mesurant la réalité peuvent aussi faire l'objet de commentaires. Toutefois, le conducteur qui estime qu'il consomme moins que les valeurs indiquées par le concessionnaire n'a pas encore son permis.

Pourquoi faut-il des tests plus fiables ?

Tout d'abord, c'est comme pour le Tour de France, celui qui ne se dope pas est désavantagé. En bout de chaîne, c'est forcément le consommateur qui est perdant.
La facture de carburant des ménages risque d'augmenter dans les années qui viennent jusqu'à devenir insupportable. Il en va de même pour notre balance nationale des paiements, déjà lourdement plombée par le pétrole. Bref, il faut que nos véhicules consomment moins si l'on veut pourvoir encore se déplacer à l'avenir.
Enfin, et même si nous ne sommes pas les derniers de la classe en matière d'émission de CO2, on ne voit pas bien comment on pourrait continuer longtemps à alimenter le réchauffement climatique.